Wednesday, August 13, 2008

«L'EQUIVOCO STRAVAGANTE» DE SAGI: OPERA PER TUTTI


Le deuxième opéra presenté dans l'édition 2008 du ROSSINI OPERA FESTIVAL, est sans doute la perle rare de cet évènement.
Rare, «L'Equivoco Stravagante», est considéré un opéra mineur de Gioacchino Rossini, peut-être dû au libretto de Gaetano Gasbarri, que Piotr Kaminski dans son ouvrage «Mille et un Opéras» qualifie d'«un des plus misérables qu'il aura jamais à affronter (...) Le texte est mal construit et vulgaire, mais la musique, composée en quelques semaines, fut accueillie favorablement».
La vérité est que Emilio Sagi, metteur en scène espagnol et directeur du Théâtre Arriaga de Bilbao, a su, dans cette production qui date de 2002, donner une tournure a cet opéra, qui pourrait lui donner une réssurrection sur la scène internationale. Elle le mérite, du moins.
«L'Equivoco Stravagante» de Sagi a une esthétique années 70, ce qui lui donne une couleur tottalement contemporaine.
La scènographie de Francesco Calcagnini et les costumes de Pepa Ojanguren sont d'une grande qualité et raffinement, et soutiennent de façon absolue cette nouvelle vision Pop de l'oeuvre.
Sur la scène la mezzosoprano russe Marina Prudenskaja interprète une Ernestina idéale, féminine et ambigüe à la fois, alternant des moments sensibles et passionnées théâtralement, le tout avec une profondeur vocale essentielle au rôle. Le ténor Dmitry Korchak, sont consort sur scène et compatriote, lui donne la réplique comme un Ermanno amoureux qui chante quelques uns des plus beaux moments musicaux de la soirée. Marco Vinco est Buralicchio, son autre consort, complètement loufoque et avec une présence buffa tellement réussie, tant théâtralement, comme vocalement, à laquelle s'ajoute sa beauté et charme naturels, qui nous fait cataloguer sa prestation de proche à la perfection.
Bruno de Simone, l'autre basse de la soirée est Gamberotto, le père de Ernestina, que de l'agriculteur enrichi Rossinien est devenu le chef de l'entreprise «Gamberotto Vegetables», une multinationale de fruits et légumes en boîte. Un magnate extraverti et allumé caracterisé comme un Aristotle Onassis, interpreté avec beaucoup d'humour, finesse et bravoure par ce grand artiste italien.
L'équipe vocale se complète avec Amanda Forsythe, jeune soprano américaine, qui promet une fructueuse carrière internationale, et dont son aire «Quel furbarel d'amore» à l'aspirateur, restera comme une interprétation inoubliable du rôle de la doméstique Rosalia. Frontino, l'autre doméstique, est interpreté médiocrement par le ténor argentin Ricardo Mirabelli, qui n'a pas grand talent, du moins théâtral.
Le Choeur de Chambre de Prague ponctue le spectacle avec ces prestations vocales et scèniques pertinentes et de qualité.
De grande qualité aussi est la direction d'orqueste de Umberto Benedetti Michelangeli, que malgré sa peu abondante experience dans le millieu théatral, réussit à extraire de l'excellente orqueste Haydn de Bolzano et Trento, des sonorités exquises, qui pourraitent surprendre ceux qui voient dans «L'Equivoco Stravagante» une oeuvre sans grand intêret musical.
En plus d'esperer que cette géniale version connaisse d'autres Théâtres et Festivals, il est important de dire que cette mise en scène contemporaine fait preuve d'une démarche que nous aimerions voir faire école dans le millieu lyrique, puisque nous sommes persuadés que cela attirerait un nouveau et plus jeune publique aux Grands Théâtres d'Opéra qui malheureusement tendent à avoir un publique vieillissant et/ou conservateur.



ROSSINI OPERA FESTIVAL
Teatro Rossini
Pesaro – Italie
11, 14, 17 et 22 Août 2008, 20h.

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