Saturday, November 10, 2007

DON GIOVANNI: ENTRE LA SUPERFICIALIDAD Y LA PROFUNDIDAD DEL SER HUMANO SEDUCTOR


Después del éxito de «Le Roi d’Ys», obra de Edouard Lalo muy poco vista, el Teatro del Capitole de Toulouse nos trae una producción de 2005 de «Don Giovanni» de Mozart.
Esta obra, de una riqueza y sutileza sorprendentes, que alterna momentos de gran intensidad dramática con otros de una comicidad hilarante y provocativa (ya Mozart la había definido como Dramma giocoso) que evolucionan hacia un final que toca casi lo metafísico, tendría que encontrar la horma de su zapato en la puesta en escena de Brigitte Jaques-Wajeman, mujer de Teatro de renombre internacional.
Pero la realidad es algo insípida y la obra queda flotando entre una línea «clásica» y otra «contemporánea»: el decorado y figurines de Emmanuel Peduzzi quedan igualmente en esta ambigüedad – entre el barroco y el moderno pasando por varias épocas, que podían dar una intemporalidad universal pero que no nos pareció verdaderamente lograda.
Maravillosa la escenografía en el Acto II, con los árboles desraizados suspendidos en el aire con una pasarela metálica atravesando toda la escena a media altura; o el cementerio minimalista que aparece y desaparece en la niebla – pero el héroe disoluto punito que da su nombre a esta ópera, vestido como un pirata en cuero negro y camisa abierta, nos deja un poco confusos con el estereotipo de «macho latino» que nos parece bastante lejos del espíritu complejo del personaje mozartiano.
Sin embargo las luces de Jean Kalman son mágicas y de una gran belleza.
La distribución es esplendida: Ildebrando D’Arcangelo es Don Giovanni, un perfecto Don Juan, que no solo le da la voz pero también la belleza del seductor; Gudjon Oskarsson es un magnifico e imponente Commendatore con una profundidad vocal que nos hace creer de verdad en la voz del «más allá»; Donna Anna nos llega por la dramática voz de la bella soprano georgiana Tamar Iveri que encuentra su equilibrio vocal (pero no tanto teatral) en su partenaire finlandés Topi Lehtipuu como Don Ottavio; Barbara Haveman es una creíble y generosa Donna Elvira dividida por la tortura de un amor apasionado y la voluntad de justa venganza; David Bizic es un extraordinario y convincente Leporello con igual nobleza que su amo; y la pareja Zerlina y Masetto desempeñada por unos estupendos Valentina Kutzarova y Paul Gay, éste último que sin embargo nos pareció más convincente como Roi d’Ys.
Si vocalmente la obra se encuentra muy bien defendida, teatralmente se esperaba quizás un poco más de profundidad en el trabajo de dirección de actores, sobretodo en ésta obra específica. Pero musicalmente Günter Neuhold dirige irreprochablemente una orquesta nacional del Capitole de gran calidad, así como a igual título Patrick Marie Aubert dirige los miembros del coro del Capitole que participan en ésta producción.
Y si la dirección de escena no acaba de convencernos, ¿qué podemos decir frente a una obra musical de ésta envergadura? Mozart y su genio valen siempre la pena, y «Don Giovanni» siempre será una obra maestra que escuchamos con infinito placer.

Théâtre du Capitole - Toulouse, France
9, 13, 16, 20 & 23/11/2007 – 20h ;
11, 18 & 25/11/2007 – 15h.
http://www.theatre-du-capitole.org/
Crédito fotográfico: Patrice Nin

Saturday, September 22, 2007

BECKETT EN LSF* ET MUSIQUE


« Play back: Les Berceuses » est une de ces pièces atypiques où se mélangent danse, musique, vidéo, théâtre et… langue des signes.
Pendant une heure, Lucie Lataste (danse, langue des signes, écriture), Eugénie Ursh (violoncelle, compositions) et Romain Quartier (illustrations sonores et super 8) – sans que déméritent la régie son et super 8 de Jean-Pierre Santos et la création lumière de Stéphane Rouaud – nous plongent dans un univers largement inspiré de l’œuvre de Samuel Beckett.
Un univers un peu sombre, mais qui petit à petit gagne en brillance, toujours plein d’une beauté généreuse et sensible.
Mais la spécificité de ce « Play back: Les Berceuses » de la Compagnie Groupe Go (et du travail de Lucie Lataste) est l’envie de rendre accessible le spectacle vivant aux Sourds (vous vous imaginez qu’un Sourd allant voir une pièce de théâtre traditionnel, tirera probablement peu d’un spectacle majoritairement basé sur la communication verbale !), mais aussi de rapprocher les Entendants à une Langue et Culture aussi riches que celle des Sourds.
Et chapeau !
Par tout simplement la distribution de ballons de baudruche avant le spectacle et avec l’indication de les gonfler et les tenir entre les mains, la Compagnie Groupe Go propose de ressentir les vibrations de la musique, partie qui a autant d’importance pour le spectacle comme la partie visuelle (danse, langue des signes, vidéo…).
Et si vous connaissez rien à la LSF*, ne vous inquiétez pas et laissez vous prendre tout simplement par la beauté du geste.

*LSF: Langue des Signes Française

« Play back: Les Berceuses »
Compagnie Groupe Go & Alef Production
Du 18 au 29 Septembre 2007, 21h
Au Théâtre du Grand Rond, Toulouse

http://www.groupe-go.blogspot.com/
http://grand.rond.free.fr/

Wednesday, September 19, 2007

ROUILLE MÉTAPHYSIQUE


«La Rouille», qui porte le sous titre «pièce bavarde pour un danseur en chute libre», est exactement cela : un solo/monologue bavard.
Entre théâtre et danse, Adolfo Vargas, concepteur et interprète de ce «bavardage», apprivoise sans hésitation les textes de Philippe Saule, pour faire un bilan de la fin de la vie du danseur.
«La Rouille» est un moment autobiographique d’une grande sincérité. Parfois tellement personnel que nous nous sentons presque des intrus face à cette révélation de l’intime. Mais tellement bavard que cette impression se dissout pour laisser place à la compréhension, parfois l’amusement, parfois l’ennui, parfois la conscience d’être des spectateurs cruels et exigeants (trop ?) – comme nous dit l’interprète.
Dans une mise en scène de Isabelle Saule, partenaire d’Adolfo Vargas au sein de l’Association Manifeste, compagnie toulousaine, «La Rouille» nous fait accompagner Adolfo dans son récit acide, parfois d’une grande pertinence, souvent tellement métaphysique que nous nous perdons et chutons peut-être aussi avec lui, dans ce parcours tumultueux d’une vie dédié à la danse !
Si au début nous ne savons pas à qui Adolfo parle, perdus dans son regard perdu, «la garrapata» nous accroche par la suite, avec son face à face avec la mort, sa recherche des «bureaux de la culpabilité» (parcours du combattant au sein de la bureaucratie française), son essai virtuel (et vertueusement comique) d’être chanteur, de changer de métier.
«La Rouille» ce n’est pas une pièce jeune (elle ne veux pas l’être), mais un témoignage touchant du combat d’une vie, pas n’importe laquelle, mais celle du danseur, d’un danseur. Un danseur fatigué, mais infatigable, dont le corps vieillissant veux s’arrêter, mais qui ne pourra jamais s’arrêter, dont les idées veulent se poser, mais il ne les laisse pas, et nous emmène ainsi dans son tourbillon infini de souvenirs, de rêves, le passé, le présent et ( ?) le futur ( ?) – Il attend la mort, qui n’est peut-être (nous dit-il) rien d’autre qu’une machine à voyager dans le temps. Tourbillon intime où se mêlent pessimisme, humour, récit, critique social, solitude et abstraction métaphysique.
«La Rouille» est une pièce humaine (même si Adolfo dit être une huître), et dans son humanité qui essaye de «lâcher», de «s’arrêter», continuant pourtant à courir, à bouger, à bavarder, comme seul moyen de subsister, dans 1h10 de spectacle, le 16 et 17 avril 2007 au Théâtre Garonne à Toulouse et le 26 mai à La Herrumbre Auditorio de Tenerife (Espagne).

http://www.cdctoulouse.com/
http://www.theatregaronne.com/

Contact de la compagnie : assomanifeste@free.fr

AVOIR OU PAS AVOIR: MANIFESTE LA QUESTION !


Les 29, 30 et 31 mars 2007 à la MJC Roguet et dans le cadre du jeune festival «Pas de Danse ?» le public toulousain a pu redécouvrir la création «Avoir» de la compagnie Association Manifeste.
Création de 2005 pour quatre interprètes et vidéo, qui avait été créée au Théâtre des Mazades, «Avoir» est comme un bon vin, puisque deux ans après, cette pièce chorégraphique a mûrie et gagné en «saveur».
Son caractère de «sensibilité de l’approche» et son propos qui concerne directement le public, a sans aucun doute été mis en valeur par la proximité que cette salle implique.
«Avoir», interprété admirablement par Michel Vergnes, Alessandro Sabatini (qui remplace Claire Rivera de manière totalement convaincante) et par les chorégraphes eux-mêmes : Isabelle Saulle et Adolfo Vargas, est une pièce qui parle de notre société de consommation.
Ce duo franco-espagnol de chorégraphes n’hésite pas à traiter le sujet avec beaucoup d’humour, sans pour autant lâcher la pertinence du propos.
De la femme d’affaires qui se transforme en gogo girl déchirée, à l’homme qui devient le chien soumis d’un maître malveillant, pour se redresser et crier «Ça va pas ?! Vous faîtes du n’importe quoi !» ; des «passages de modèles friperies» au délirant moment des «gestes de marques» où chaque interprète représente en mouvement des marques publicitaires de notre quotidien (de Nestlé, Dior et Ikea, à Heineken, Leroy Merlin, Adidas et Coca-cola, entre autres), cette compagnie toulousaine réussit un tour de force sur un sujet contemporain qui nous concerne tous. Et tout cela amené de façon intelligente et convaincante, que malgré quelques petites longueurs, fait que même un public peu habitué à la danse contemporaine est pris par ce spectacle où la pluridisciplinarité règne.

http://www.mjcroguet.com/

MARATONA PARA O DIA MUNDIAL DA DANÇA EM AVEIRO


MARATHON POUR LA JOURNÉE MONDIALE DE LA DANSE AU PORTUGAL
(résumé en français à la fin de l’article portugais)

Dia 29 de Abril, para quem não sabe, é o Dia Mundial da Dança.
Como tal, a REDE – Associação de Estruturas para a Dança Contemporânea, foi convidada pelo Teatro Aveirense, a investir os seus espaços numa Maratona de Dança em comemoração deste dia.
A programação que durou aproximadamente 12 horas (das 11h da manhã às 11h da noite – com alguns atrasos relativos às dificuldades compreensíveis de seguimento e articulação logística de cerca de 30 artistas-criadores/companhias-colectivos) incluiu apresentações cénicas, encontros/conversas, vídeos, instalações, performances, e mesmo a possibilidade de trocar algumas palavras com a Ministra da Cultura e a sua comitiva (que chegou por volta das 18h e ficou até ao fim).

Às 11h iniciou-se a Maratona propriamente dita, com uma apresentação exterior (na Praça da Republica, em frente ao Teatro) de «Do lado de dentro», apresentação muito informal da autoria e interpretação de Ana Araújo e Vânia Mendes, jovens improvisadoras que quiseram investir a fachada do Teatro, com o objectivo ambicioso de fazer interagir “corpo/espaço/arquitectura pública – visando levar às ruas a arte”. Uma entrada em bicicleta, maquilhagem e figurinos estranhos, movimento baseado na contacto-improvisação e uma saída em bicicleta caracterizaram esta apresentação jovem e inocente. A proposta não é inovadora, mas a ideia do trabalho com a bicicleta e da música portátil e «riscada» é um ponto de partida interessante, a desenvolver. E quanto ao trabalho na rua, propomos a estas jovens artistas a prosseguirem esse caminho, se esse é o seu desejo, mas talvez a tentarem documentar-se um pouco mais sobre o que já foi feito.

De seguida, no Salão Nobre, tivemos uma conversa, cujo tema «Novas gerações da criação contemporânea», daria «pano para mangas», e as 2 horas a ele dedicadas se mostraram insuficientes para cobrir as preocupações dos criadores contemporâneos presentes.
Mas como explicaram às cerca de 25 pessoas presentes, Maria João Garcia e Joclécio Azevedo, animadores desta conversa, o objectivo principal era que as conversas se prosseguissem também após a conversa «oficial».
Dentro deste tema 3 ideias principais estruturaram a conversa:
1. REFERÊNCIAS
2. MEIO
3. PÚBLICO
Ideias base, que foram desenvolvidas consoante os testemunhos e preocupações dos presentes, que levaram a abordar outros (sub)temas como as residências artísticas, a inutilidade de um «inconformismo conformista» face à política das artes em Portugal, a necessidade de trabalhar em comunidade para obter resultados, a problemática da inexistência quase total de críticos de dança (e sobretudo a sua quase total ausência nos espectáculos de jovens criadores)…
[De notar a também quase total ausência de jornalistas neste evento – a nosso conhecimento uma reportagem rádio foi feita pela Antena 1 e dois artigos, um no Diário de Aveiro e outro no Jornal de Notícias:
http://www.diarioaveiro.pt/main.php?mode=public&template=frontoffice&srvacr=pages_13&id_page=1658
http://jn.sapo.pt/2007/04/30/cultura/teatro_aveirenseteve_dia_cheio_danca.html
claro que com alguma discrepância jornalística como por exemplo a presença assinalada de João Fiadeiro – que não esteve presente – ou o erro no nome de Maria João Vieira, que é, na realidade Maria João Garcia!)…]
Pensamos que esta conversa foi um ponto fulcral nesta Maratona (mesmo apesar da ausência da maior parte dos actores «de peso» da cena da dança contemporânea portuguesa actual), e que outras conversas deveriam pontuar estas manifestações, pois permitem por um lado identificar as pessoas do meio (muitas vezes conhecemos os nomes, mas não as caras) e sobretudo identificar as problemáticas que por vezes são comuns às nossas, mas também aquela que não o são, e partilhar testemunhos e meios de acção, para poder elaborar estratégias (pessoais e comunitárias) face às dificuldades da criação contemporânea.

Após uma curta pausa restaurativa a Maratona prosseguiu com a apresentação de «Uma Bailarina na Maratona do Dia Mundial da Dança», na Sala Estúdio. Este “espectáculo participativo de dança para crianças” de Aldara Bizarro, com a expressiva interpretação de Ainhoa Vidal, bailarina ibérica que alia o seu corpo de uma elasticidade impressionante a uma criatividade e espontaneidade igualmente impressionantes, e que assina em co-criação esta peça coreográfica interactiva; apesar de alguns momentos talvez um pouco longos, acaba por convencer e embalar crianças e adultos na descoberta do corpo e da dança.

De seguida descemos à Sala Principal onde a Maratona continua com 6 apresentações distintas:
«MOUVEMENT portraits», vídeo de Luciana Fina que nos apresenta excertos de um workshop de improvisação entrecortados com testemunhos orais de bailarinos, que ofegantes pela corrida que acabam de fazer tentam falar sobre a visão metafísica pessoal que têm sobre o movimento…
«Mesa para três», trio da Buzz Companhia de Dança (foto, de Nuno Alegria para JN), jovem companhia de Fafe, aqui dirigida por Pedro Carvalho, num excerto um pouco insípido em que os intérpretes após se terem passeado transportando cada um uma cadeira, acabam por se entregar a uma dança de contacto, sem que se perceba muito bem o tipo de relação que têm uns com os outros…
[“Dança abstracta”(?), tal foi o qualificativo utilizado por um espectador não habituado a ver espectáculos de dança contemporânea que cruzámos na Maratona (qualificativo utilizado não só relativamente a este excerto)…]
«Exercício de Pontuação», solo da aveirense Inês Negrão, que apesar dos conceitos “Respiração/Tempo/Ritmo/Frase” nos presenteou com uma «bela dança» na qual esperávamos ver um pouco mais do «Exercício de pontuação» e menos de um fraseado de movimento coreográfico. De todas as formas: uma bela jovem bailarina, cheia de potencialidades.
Este 1º bloco teve o seu auge com:
«Animais/Pedestrians», 2 vídeos de Sérgio Cruz, que com o apoio do Núcleo de Experimentação Coreográfica (NEC), do CENTA – Vila Velha do Ródão, The Place e Dance for the Screen, nos ofertou 2 momentos videográficos de excelente qualidade, esteticamente interessantes, e conceitos pertinentes desenvolvidos com talento e humor. Um regalo! A ver absolutamente!
«A drop», solo criado e interpretado por Mariana Amorim, que coloca em cena uma bailarina de belos gestos fluidos que se coordenam com uma banda sonora de gotas de água, e uma garrafa rodopiando, pendurada de pernas para o ar a 2 metros do chão. Apesar da simplicidade do conceito e da beleza da dança, fica-nos a vontade de ver um desenvolvimento mais consequente e que a garrafa seja, talvez, algo mais que simples decoração.
Este 1º bloco terminou-se com:
«Rugas» (versão remake 2005), vídeo de Rui Horta e Marcus Behrens. «Rugas» reúne excelentes condições, bons intérpretes, belas imagens, ideias e cenografia interessantes, mas o conteúdo desconexo entre uma loucura abstracta e uma narrativa demasiado descritiva, deixa-nos um tanto ou quanto cépticos face a este objecto videográfico.

Após uma curta pausa (o atraso começava a pesar), a Maratona regressou à Sala Estúdio com um 2º bloco de autores:
1. «Paredes» de Maria Manuela Marques. O tema centrando-se no objecto do título, alimentado por dois belos intérpretes (a coreógrafa e Duarte Martins), iluminados por um projector de slides, que duma imobilidade inicial, passam a circular por entre o público (sentado no espaço cénico a pedido da artista), tendo por fundo sonoro um texto sobre o mesmo tema, lido de maneira não teatral, numa neutralidade indiferente, que acabamos por esquecer, deixando-nos um ruído de fundo… apesar da potencialidade dos figurinos (fatos de macaco industriais de cor branca), o movimento não toma em conta esta potencialidade, ficando-se por uma quase invisibilidade e alguns esboços não desenvolvidos…
2. Segue-se «Projecto de Investigação» de Ana Silveira Ferreira “centrado na interrogação do trabalho do actor”, que deve ser visto como isso mesmo: um «Projecto de Investigação». Durante 10 minutos, Joana Cavaco atravessa uma diagonal, com uma pose inerte e um movimento repetitivo. Apesar da música que pontua este exercício de travessia de espaço, a inexpressividade do mesmo deixa-nos indiferentes e mesmo aborrecidos. Talvez 5 minutos de explicação do projecto e … 2 minutos de exercício, nos tivessem deixado mais interessados na pesquisa desta artista…
3. «Subsidiem-me» (excerto) de Diniz Sanchez [não vou «votar» por mim mesmo – a única coisa que posso dizer é que houve algumas reacções positivas por parte do público…]
4. «De algum lado»: Pedro Carvalho dançou-se a si mesmo, numa interpretação da música de David Marques. Sem grandes pretensões, Pedro propôs-nos um pouco dele mesmo, partilhando connosco 10 minutos da sua dança.
5. Para terminar este bloco, Sofia Neuparth, com a cumplicidade de Laura Bañuelos atacou-se a «Sobre comunicação»: “como tornar tangível, num contexto de expressão artística não laboratorial, a experimentação das questões que nos movem?”. Alimentada pelos textos lidos por Laura, Sofia expôs as suas ideias, comunicou connosco através do seu corpo, dos seus gestos, da sua dança.

E aqui a Maratona desatou a correr! Mesmo com a chegada da Ministra da Cultura, descemos imediatamente para continuar com o 3º e ultimo bloco de artistas, que investiram a Sala Principal:
1. «Por aqui, por aí outra vez» (excerto de «Tudo e Nadas»), de Maria João Garcia, mostrou-nos uma Maria Radich resplandecente (e não é exclusivamente uma referência ao vestido!). A luz acende-se: um grande círculo com um microfone no meio, e ao som dos aplausos Maria Radich entra em cena, parando face ao público, no limite da luz e aí ficando até ao fim das palmas pré-gravadas. Então ela avança para o microfone: ela tem tudo de uma grande artista de uma grande sala de espectáculos. Um belo vestido longo, brilhante e decotado, saltos altos e uma voz suave que nos embala e encanta como se fôssemos bebés… mas o discurso dessa voz embaladora é outro! Sobre um texto de Nuno Barreiro a acção desenvolve-se revelando não mais uma bela actriz ou cantora (ou bailarina), mas uma artista completa, sem papas na língua, que fala de amor, “arte, política, liberdade e sobre o absurdo de ser artista.”. Um trabalho da voz falada e cantada excelente, acompanhado de um trabalho de movimento bem adaptado e propósitos pertinentes e refinados. Um prazer para os sentidos e sobretudo um conteúdo que nos fala do artista e da criação contemporânea: BRAVA!
2. «Os pata-lugares», vídeo concebido e interpretado por Né Barros e realizado por Filipe Martins. Objecto curioso, este vídeo apresenta um trabalho de imagem bastante interessante pontuado pela utilização de legendas, e que apesar de talvez um pouco longo, nos deixa com a agradável sensação de um bom momento de humor inteligente.
3. Ainda num seguimento bem-humorado «The awerness trap» de Sílvia Pinto Coelho apanha-nos de surpresa na virtuosidade da manipulação do objecto (uma enorme bola), acompanhada por um sentido de humor refinado que acaba por a contagiar a ela própria!
4. Segue-se o curto «Improviso IV» de Clara Carrapatoso, uma pontuação clássica em pontas, que nos deixa um sorriso nos lábios, lembrando-nos que a dança, como ela ainda é vista pela maior parte do público em geral, também tem o seu lugar numa Maratona da Dança tão contemporânea.
5. «Estético – Histérico Fase 1» de Inês Mariana Moitas e Luís Félix testemunha de uma jovem criação pertinente e inteligente. Apesar da imagem inicial que nos pareceu suficientemente interessante para ser mais explorada, segue-se uma coreografia que através da repetição «concorrente» de cada um dos artistas atinge um clímax quando a música comercial intervêm… as interrogações do processo de criação e um final aberto que depende do público dão vontade de ver mais! Esperamos a Fase 2!
6. «Random Sample» de Vera Mota, é ainda uma incursão na jovem criação. Uma boa ideia, uma abundância de elementos cénicos (nem sempre explorados), um figurino e instalação décalés… mas mesmo sabendo que «Random Sample» é isso mesmo: uma “free sample” (amostra gratuita) fica-nos a dúvida sobre se há mais e que forma pode tomar…
Se «Estético – Histérico Fase 1» nos deixa a certeza de querer ver mais, «Random Sample» deixa-nos na expectativa/incerteza de poder ver mais…
7. «Pés na terra Coração no ar» de Isabel Barros é uma improvisação dentro do universo da próxima criação da coreógrafa, cujo interesse principal é a personagem «barroca» que impõe uma presença teatral e vocal estranha, que se sobrepõe à prestação da bailarina. O início da exploração de um trabalho vocal em cumplicidade com o músico em palco, dá-nos pistas do que poderemos ver nesse futuro «Lugar dos Sonhos».
8. «Olhares em dança» um happening vídeo/música/luz com o artista Alex (?lex) Campos nu em cena.
9. «Dança in my mind» de Clara Andermatt e Vítor Rua, uma improvisação «sex-guitar», para surpreender a Maratona.
10. «O jantar favorito» ou «Ai! qué dolor! Oh! What a pain!» de Catarina Miranda, é um karaoke anedótico interessante, mas cuja ideia não é suficiente devido à falta de trabalho cénico: tal como na «sample» de Vera Mota, também aqui o trabalho sobre o cliché fica por desenvolver.
E para terminar:
11. «Ao cruzar as árvores» solo de Ainhoa Vidal, que explora um objecto narrativo: um conto (para todas as idades) – que nos faz pensar a um universo Manga, habitado por estranhas criaturas, monstros e animais que falam… com um bom trabalho de caracterização, figurino e voz off.

Após uma pausa – lanche tardia (20h) e diplomática, onde a Ministra da Cultura esteve relativamente disponível para falar com os artistas que tivessem vontade de trocar ideias com ela, tivemos uma pequena performance interpretada por M$Ms (M&Ms?) com o título «Desconcerto»: ocupando o Foyer, Margarida Mestre e Miguel Pereira, vestidos a rigor para a ocasião interpretaram-nos uma canção. Um concerto intimo «en tête à tête» com o público e a Ministra.

Para finalizar esta jornada, voltámos à Sala Principal para assistir a uma improvisação de «Vera Mantero & Friends».
Contribuição da geração (ou pelo menos de uma parte, pois nomes como João Fiadeiro, Francisco Camacho, Paulo Ribeiro e Sílvia Real não estavam presentes) que marcou o «big bang» da dança contemporânea portuguesa e que continua a trabalhar para uma visibilidade da criação contemporânea.
Vera Mantero, animada por uma energia e corpo sempre jovens, rodeou-se de Miguel Pereira, Margarida Mestre, Clara Andermatt, Vítor Rua, Sophie Leso, Filipa Francisco, João Galante, Joclécio Azevedo e João Samões, para um momento de improvisação ao qual não faltaram bons momentos performativos cheios de humor e sensibilidade.

Talvez para o ano as novas gerações se possam misturar à geração «genitriz» para partilhar, também em palco novas experiências e tendências!

Obrigado a todos: iniciativas comunitárias como esta deviam proliferar e contribuir ao desenvolvimento das acções da REDE e da comunidade da Dança Portuguesa!

Diniz Sanchez

http://www.oblogdarede.blogspot.com/

http://www.teatroaveirense.pt/


EN FRANÇAIS :

Le 29 avril, pour ceux qui ne le savent pas, c’est la Journée Mondiale de la Danse.
La REDE – Association de Structures pour la Danse Contemporaine, au Portugal, a été invitée par le Teatro Aveirense, à Aveiro (nord du Portugal) a investir ses espaces dans un Marathon de la Danse pour fêter cette occasion.
La programmation qui a durée approximativement 12 heures (de 11h du matin à 23h – avec quelques retards en rapport avec les difficultés compréhensibles d’enchaînement logistique de à peu près 30 artistes-créatifs/compagnies-collectifs) a été composée par des présentations scéniques, des rencontres, des vidéos, des installations, des performances, et même la possibilité d’échanger quelques mots avec la Ministre de la Culture (qui est arrivée vers 18h et est restée jusqu’à la fin).

Ce Marathon a été divisé en :
1. Une rencontre discussion sur les «Jeunes générations de la création contemporaine», qui a réunit 25 personnes autour d’une discussion sur des thèmes assez larges comme «références», «milieu», «publics», qui ce sont développés par le biais des préoccupations et témoignages des présents et qui ont amené à aborder aussi les thèmes des résidences artistiques, de l’inutilité d’un «inconformisme conformiste» face à la politique des arts au Portugal (et en Europe ?!), la nécessité de travailler en communauté pour atteindre des résultats, la problématique de l’inexistence de critiques de danse, et surtout leur manque d’intérêt pour la jeune création…
2. Un spectacle participatif de danse pour enfants, de Aldara Bizarro.
3. Trois blocs de présentations de 10 minutes de tout artiste/chorégraphe/compagnie désirant participer, d’où on pourra citer les noms plus connus de Rui Horta, Sofia Neuparth, Pedro Carvalho, Né Barros, Isabel Barros et Clara Andermatt, mais d’où on voudrait surtout souligner la participation de qualité de jeunes créateurs moins connus comme Sérgio Cruz, Maria João García, Sílvia Pinto Coelho, Inês Mariana Moitas e Luís Félix
4. Une performance de M$Ms (Margarida Mestre et Miguel Pereira) qui on fait un mini concert/performance dans le foyer du Théâtre.
5. Une clôture en forme d’improvisation par Vera Mantero et ses invités : Miguel Pereira, Margarida Mestre, Clara Andermatt, Vítor Rua, Sophie Leso, Filipa Francisco, João Galante, Joclécio Azevedo et João Samões.

Peut-être l’année prochaine les jeunes générations pourront se mélanger aux générations «génitrices» pour partager, aussi sur scène, des nouvelles expériences et tendances!

Reste ici l’appel pour que des initiatives semblables puissent avoir lieu aussi en France!

Diniz Sanchez

Tuesday, September 18, 2007

LA CHALEUR QUI VIENT DU FROID


Le vendredi 23 mars 2007, nous avons pu voir la compagnie finlandaise de Tero Saarinen au Festival Tendances, festival de danse contemporaine en Gironde, organisé par l’IDDAC.
Le spectacle a eu lieu à la salle de l’Ermitage, Le Bouscat, près Bordeaux.
La Tero Saarinen Company a présenté 3 pièces chorégraphiques : «Westward Ho !», un trio masculin, «Wavelenght», duo et «Hunt», le célèbre solo dansé par le chorégraphe lui-même.
Tero Saarinen est un chorégraphe du mouvement, la virtuosité habite les corps qu’il met en scène, mais la virtuosité de ce chorégraphe est celle d’arriver à marier une danse fluide à l’infini avec une sensibilité esthétique et une profonde démarche poétique. «Westward Ho !» témoigne parfaitement de cela : un vrai «poème dansé» (comme il est dit dans le programme), où les trois danseurs partent d’une chorégraphie minimale répétitive à l’unisson, tel corps de ballet/êtres humains contraints à effacer leur individualité face à un monde de clonage, pour, petit à petit, dans la fatigue et l’ennuie du «tous pareils», se réveillent les individus, pleins d’une fragilité riche, qui nous parle vraiment de l’essence de l’Humanité.
Les danseurs excellent dans les interprétations, parfois étranges, du mouvement qui nous hypnotise et enchante.
«Wavelengths» est un duo qui parle du couple, à travers le fluide continu, signature de cet artiste chorégraphique finlandais, qui amène ses danseurs à évoluer dans le «désir désespéré et timide des hommes d’être aimés».
Il faut aussi faire référence au travail époustouflant des lumières de Mikki Kunttu et des costumes de Erika Turunen et du chorégraphe lui-même (dans le trio), qui a un rôle fondamental à démarquer un territoire esthétique d’exception, et très différent de ce que nous pouvons assister normalement en France.
Last but not least : «Hunt», le solo devenu mythique, sur la partition du «Sacre du Printemps» d’Igor Stravinsky, «crée en 2002, en collaboration avec l’artiste multimédia Marita Liulia pour la première biennale de Venise».
C’est dans ce solo que nous goûtons à la virtuosité et intelligence sensible du corps de Tero Saarinen, non seulement en tant que chorégraphe, mais en tant que danseur interprète.
Dans une danse sensuelle et sauvage, Tero est l’interprète ultime de «l’élu», à la fois maître et victime du Sacre (que nous avons l’habitude de voir entouré d’un chœur de danseurs), comme une bête traquée et chassée par la partition musicale, il a le don de remplir la scène à lui tout seul, et l’audace d’oser une vision très personnelle.
Avec le soutien du travail multimédia et photographique de Marita Liulia, qui accentue le caractère cyclique des saisons de la vie, et les lumières de Mikki Kunttu qui témoignent la beauté violente du propos, Tero Saarinen est le Dieu Cerf sacrifié, viril et fragile à fois, qui dignement donne sa vie pour féconder la terre pour que sa tribu (l’Humanité) puisse subsister.

La Tero Saarinen Company impressionne par sa qualité et ses propos universels, et nous ne nous étonnons pas de lire que «Tero Saarinen figure au rang des plus grands chorégraphes et interprètes dans le monde. Entre danse jazz, ballet classique, danse contemporaine et butho, son travail chorégraphique est unique.».

14ème Festival TENDANCES
du 13 au 30 mars 2007
dans plusieures salles de la Gironde
Informations : 05 56 17 36 36

http://www.iddac.net/

http://www.terosaarinen.com/

Friday, September 7, 2007

LA VIE AGITÉE DE L’OURS OTTO-ALAMO


Les 15 et 17 mars 2007, le public toulousain a eu le plaisir de pouvoir découvrir le spectacle «Otto», création jeune public (à partir de 7 ans et sans limite d’âge) de la compagnie tarbaise Théâtre de la Bulle.
Inspiré du livre de Tomi Ungerer «Otto – autobiographie d’un ours en peluche», ce spectacle pluridisciplinaire c’est que du bonheur !
Les comédiens (qui sont beaucoup plus que des comédiens) Monique Huet, Nathalie Lhoste-Clos et Éric Février, avec l’étroite complicité de Laurent Aranda à la régie, nous font voyager dans les souvenirs d’Otto, l’ours en peluche, souvenirs qui sont aussi ceux de l’Humanité.
Dans une mise en scène qui mêle marionnettes, jeu théâtrale, bruitages, vidéo et même de la chanson et de la chorégraphie, «Otto» est un spectacle complet qu’en plus d’une histoire pour le jeune public, est aussi une magnifique façon d’introduire l’Histoire contemporaine (l’action commence à l’époque de la Seconde Guerre Mondiale) à nos enfants – et de la rappeler à nos adultes.
«Otto» est une leçon d’Humanité, un récit bouleversant qui nous amène du rire aux larmes, et finalement au bonheur de croire (à nouveaux ?) à l’amitié et aux rêves d’un monde meilleur.
Les membres de la compagnie Théâtre de la Bulle ont à leur honneur de présenter un spectacle émouvant, intelligent et pertinent, qu’en plus de raconter une belle histoire, passe aussi un message social et éducatif de haut niveau, qui a toute sa place dans le contexte sociopolitique de nos jours.
«Otto» a été présenté dans le cadre de «LE BAZAR AU BAZACLE» «60 jours de représentations artistiques» qui ont lieu sous chapiteau au Parc des Sports du Bazacle, à Toulouse.
Beaucoup d’autres spectacles à venir : Musique, théâtre, danse, cirque, films, théâtre équestre, spectacles jeune public, bal, expos et rencontres-débats, qui se déroulent du 27 février au 22 avril 2007.

BAZAR AU BAZACLE
Parc des Sports du Bazacle
1, impasse du Ramier des Catalans
Toulouse
Tel. : 05 34 44 93 46

Et si vous n’étiez pas parmi les chanceux à avoir pu être spectateurs de «Otto», soyez attentifs, puisque la compagnie Théâtre de la Bulle le donnera sans doute à Toulouse à nouveau très bientôt !

Thursday, September 6, 2007

LA (jeune?) DANSE EST UN SPORT QUI SOUFFRE (et ennuie !)?


Ce dimanche 11 mars 2007 a eu lieu au Théâtre Municipal d’Albi le concours Solo Mio, tremplin danse organisé par l’Athanor, Scène Nationale d’Albi et le Centre de Développement Chorégraphique de Toulouse/Midi-Pyrénées, qui permet à des jeunes chorégraphes de présenter au public et à un jury de professionnels leur première création.
Le jury cette année était composé de Mark Tompkins, chorégraphe de la compagnie IDA et émérite personnage franco-américain de l’improvisation en danse, qui en été à juste titre le président, Danièle Devynck, conservateur du Musée Toulouse-Lautrec à Albi, Nathalie Auboiron, chargée de mission danse de l’ADDA du Tarn, Jean-Jacques Mateu, metteur en scène de la Petit Bois Cie. et Aurélie Savy, étudiante au CUFR Jean-François Champollion à Albi, représentant le public.
Le rideau s’ouvre sur Carla Macau, 23 ans, candidate catalane présentée par l’Institut del Teatre de Barcelone, qui danse «UVA», chorégraphie de Miquel Barcelona. Pendant 13 minutes Carla interprète une danse d’objets, qui comme elle, gigotent sans raison apparente. Une jolie danseuse qui a bien exécuté ce que l’on a demandé. Malgré la belle image de début, «UVA» n’est que ça : des successions d’images sans fil conducteur, sans logique, sans fluidité… des subterfuges pour une danse académique qui se base sur une théâtralité exagérée et démodée. «UVA» («raisin» en français) prends son titre des raisins que l’interprète mange, sans qu’on comprenne pourquoi, à la fin de ses 13 infinis minutes d’une inintéressante chorégraphie.
«JAMAIS DES JAMBES», chorégraphié et interprété par Jung-Ae Kim, coréenne de 24 ans établie à Paris, nous montre une danse dense, peut-être un peu longue (15 minutes), mais qui a des choses à dire. Jung-Ae propose une fluidité de mouvement et une théâtralité qui permettent de lui attribuer une filiation dans les courants de la danse contemporaine française (Jung-Ae, danse, entre autres pour Odile Duboc/CCN de Franche Comté, et a fait la formation ex.e.r.ce du CCN de Montpellier/Mathilde Monnier). Une jeune chorégraphe potentielle, qui malgré un choix de costume minimaliste (et peut-être pas le meilleur) affirme sa présence, mais qui apparemment n’a pas marqué le jury.
Ce suit «AVEX KIALA», petite bouffée d’air frais «à la française», chorégraphié et interprété par Lucie Lataste, toulousaine de 28 ans, qui nous apparaît comme une Amélie Poulain de la danse, et qui pendant 13 minutes nous propose une chorégraphie gestuelle. Cela est intéressant, malgré une esthétique un peu vieillit (et qui se veux intemporelle), mais le propos (la danse est développé à partir de la langue des signes) n’évolue guère, et ça reste dans une agitation ou l’énergie est la même du début à la fin.
«TAUREAU – EN QUÊTE D’UN AUTOPORTRAIT» de la chorégraphe et interprète turque Özlem Alkis, 29 ans, encore une candidate institutionnelle, cette fois du CNDC d’Angers, est une déambulation nonchalante où nous avons l’impression que l’action se passe surtout dans la tête d’Özlem, puisque au public manquent des pistes pour comprendre, ou même être captivé par cette gestuelle fluide mais inaccessible.
«THE FUCKING PART» met en scène Yann Gibert, seul chorégraphe et interprète du sexe masculin à se présenter au Solo Mio. Ce jeune danseur français de 25 ans, habitant le Portugal, fait une proposition originale (la seule de cette édition de Solo Mio !) avec son «THE FUCKING PART». Pendant 9 minutes il nous suggère par la parole les mouvements qu’il pourrait faire, avançant et reculant dans l’espace et ce plaçant toujours dans la même position, debout face à nous. Si au début, à la surprise initiale se suit le questionnement ok, et alors, où tu veux en venir ? on termine par se laisser emballer par la magie de la suggestion des mots et on «voit» Yann danser. D’autant plus qu’à la sensation d’être pris au piège initiale, se suit l’amusement de cette performance culotté où ne manque pas l’humour. Au moins nous aurons pu apprécier une proposition aboutie, même si le vocabulaire n’était pas celui de la danse, mais était sans doute celui du corps, et du langage le plus contemporain de la soirée !
Mais le jury a décidé autrement et c’est Sara Martinet, toulousaine de 24 ans qui a été la lauréate de cette édition de Solo Mio, avec son «LE BAIN». Ce «BAIN» commence avec l’angoisse de la danseuse exprimée pitoyablement par des phrases au sol qui auraient pu être des exercices pris de n’importe quel cours de danse contemporaine… Sara, une interprète du mouvement, danse ses révoltes prenant son corps comme bouc émissaire, caché derrière un visage inexpressif qui se cache à son tour derrière ses cheveux. Une danse souffrante qui nous rappelle quelques chorégraphes des années 90. Le manque d’originalité de cette chorégraphie s’aggrave avec l’utilisation scénique de la baignoire (cachée derrière un tissu au début, que la danseuse/chorégraphe enlève pendant un noir fait exprès pour cela, et qui marque la 2ème partie de la pièce). Cet objet devient, nous ne savons pas pourquoi, puisque le début ne laissé prévoir rien en rapport avec «LE BAIN» (malgré le titre), le centre de toute action, et si Sara l’utilise de façon virtuose, cela ne suffit guère, puisque la succession de mouvements et d’images ne priment point par son originalité… même le moment d’humour (que nous dirons : malgré la volonté de Sara) est vécu avec gravité - les lunettes de piscine, suffisent peut-être à faire rire le public, mais surtout pas à affirmer une nouvelle donné chorégraphique ou dramaturgique. Si «LE BAIN» de Sara Martinet n’était peut-être pas la chorégraphie la moins intéressante de cette édition du Solo Mio, elle n’était pas non plus, ni du point de vue de la chorégraphie, ni du point de vue de l’interprétation, ni du point de vu de la recherche du mouvement, ni du pont de vu de l’originalité de propos, la création la plus contemporaine, pertinente, originale ou aboutie de la soirée.
Restent à questionner les paramètres de sélection (et présélection) – nous avons du mal à croire que ce tremplin réunissait un échantillon représentatif de la jeune création française ou européenne !



Tuesday, September 4, 2007

GOING BANANAS… ou les fruits d’un désir inachevé


Le 1er et le 2 mars 2007, à 20h30 au Centre de Développement Chorégraphique de Toulouse, la Todaycompany présente «A banana is a banana», solo de danse-théâtre interprété par Brune Campos.
Dans une mise en scène de Gertjan van Gennip, éclairée par Françoise Libier, nous assistons pendant 50 minutes à une humanité nue, crue et franche, qui évolue dans ses cycles de vie répétitifs…
Une femme en talons, peu habillée, avec un «Love» poilu autour du cou, rentre dans un espace de proximité… ou presque… un espace vide… ou presque… son univers minimaliste et précis est composé de bananes, qu’elle récolte minutieusement, précieusement, avec une espèce de cageot/sac à main et une faucille.
Elle est heureuse, ou du moins c’est ce qu’elle dit… «La journée est belle» nous dit-elle en anglais… nous parle t’elle vraiment ? Sont regard tournoyant sur ses hauts talons, comme son corps, à moitié nu, ne nous fixe pas des yeux… comme un «oui, ça va et toi ?» mécanique, que nous répétons tous les jours en société… et puis elle a ses bananes : les manger la rend heureuse – malgré son expression neutre et vague, comme si elle voulait convaincre l’univers d’une joie fugitive… les comptabiliser rend les journées belles, dans un jeu d’individualisation d’objets où on sens naître la satisfaction… mais «Love» n’est jamais content : il «wants more» !? Il ne le dit pas… cette dépouille de «Love» reste silencieuse et manipulatrice.
Brune Campos maîtrise son environnement dans cette forme déstabilisante de spectacle, répétitive mais intrigante, où on pourrait discerner une démarche à la Composition en Temps Réel.
Une performance sans faille qui nous interpelle, nous questionne, nous parle de l’humanité, de l’homme et de la femme, de la recherche du bonheur, des apparences, des rapports de manipulation social et intime, de sexe, de l’insatisfaction, de la soif de pouvoir… une pièce vraiment contemporaine et plus actuelle que jamais, dans notre contexte sociopolitique.
Il y aura ceux qui ne verront peut-être qu’une récolteuse de bananes… mais si en bon portugais on sait qu’une banane (= uma banana) c’est simplement un fruit, on saura qu’un banane (= um banana) c’est un «bon à rien», un «mou», peut-être alors notre imaginaire pourra s’épanouir d’avantage.
Gertjan van Gennip nous invite à 50 minutes d’une forte théâtralité, qui frôle souvent le comique, mais qui surtout touche là où ça dérange, avec une incroyable interprétation/création de Brune Campos, qui se met à nu dans cette danse («République») des bananes… et en plus, cerise sur le gâteau : à la fin vous pourrez déguster à ces objets (de désir) artistiques, en mangeant quelques bananes (ce sont des bananes qui ont vécu !) en parlant avec les artistes.
De la jeune création juste et pertinente, qu’il faut soutenir.
Ce premier solo de la jeune Todaycompany est un début prometteur (d’autant plus exportable, puisqu’il est en anglais) : espérons les revoir bientôt sur les planches.
Credit Photographique: Anne Gieysse

SOYEZ ZIGUE!


Du 6 au 24 février 2007 nous avons pu nous laisser «posséder» par l’esprit ZIGUE qui nous a laissé Armand Maréchal – quoi ? vous ne le connaissez pas ? shame on you ! – au Théâtre du Fil à Plomb, à Toulouse.
Autour d’un verre de Fraskati (recette secrète appartenant à la famille Zigue), nous rentrons dans un espace de glamour/humour, accueillis à bras ouverts par les différents membres héritiers de l’esprit Zigue.
La bande de Zigue, composée de 6 artistes de talent, pluridisciplinaires, multifonctions et surtout extravagants et décalés à souhait, nous emmène dans un voyage auquel il est impossible de rester insensible.
Sketches avec l’accent du coin, des chansons, des numéros sexy (une danse avec une chaise, en occitan !), du grand théâtre (avec Roméo et Juliette – et si un enfant était né de cette union ? seriez-vous prêts à le découvrir ?), et même de l’opéra ! Mais surtout beaucoup de convivialité en hommage à cet homme qui a changé le Cabaret à la française à jamais ! ;-)
La soirée ZIGUE ZIGUE est un événement à ne pas rater !
QUOI ???!
VOUS L’AVEZ RATÉE ???!
SHAME ON YOU !
Priez pour que ça revienne rapidement à l’affiche sur toutes les scènes de la France entière, ou sur vous tombera la malédiction ZZZZZZZIGUE !

http://lefilaplomb.free.fr/

Wednesday, August 29, 2007

GOD IS BLACK AND NELISIWE XABA HIS QUEEN


Nelisiwe Xaba, wonderful south-African dancer, already known by the French public as the fetish performer of Robyn Orlin, presented her own work in the two last days of the 2007 edition of Toulouse International Festival «C’est de la Danse Contemporaine».
Being the image of this year festival Nelisiwe Xaba had full house at CDC studio, where she presented two solos: «Plasticization» and «Ils me regardent et c’est tout ce qu’ils pensent» («They look at me and that’s all they think»).
In these two solos Nelisiwe Xaba, in collaboration with Strange Love and Carlo Gibson, offers us – with a generosity that we are not use to in Europe – an astonishing work on costume and accessories handling.
Not only she makes proof of a refined sense of aesthetics but she successfully takes us trough a very pertinent critical vision of what a female south-African black contemporary artist has to say in this male European white contemporary world.
«Ils me regardent…» is an homage to Sarah Baartman, the south-African black woman that became an object of scientific curiosity in the nineteenth century.
In a very intelligent but simple way Nelisiwe translates Sarah Baartman’s story into an autobiographic vision of black African woman’s body today.
Though a quite elaborate game with costumes and objects: her dress becomes a cinema screen, inflated air becomes body shapes, a stool becomes a tango partner… in a surprising dance where music is used in a direct and sometimes funny way.
There is a kind of conscious naivety that enchants the spectator in an audacious musical path – where we, Europeans, have lost all spontaneousness, Nelisiwe Xaba builds her territory!
«Plasticization» is a short and astounding solo performance, where the body becomes universal in its… plasticization!
An accurate critical view of the contemporary body, that becomes plastic, not only in an aesthetical way, but also in the manner of how contemporary humans interact: not touching, not showing their bodies (unless it is in a fashion socially accepted usage), isolating their «body of diseases and imperfections» away from the joy of just being («natural»?). A body that only touches others through plastic protection (kissing is a beautiful metaphor) and that becomes a big plastic bag from whish arms and legs (protected by shoes) come out to touch the outside «dangerous» world (kind of Sarkozy point of view no?).
Once more Neliwise Xaba impresses us by her musical choices (big opera choruses and classical Top 5 excerpts) and the way she treats it through personal gesture and expression.
Nelisiwe Xaba succeeds to put us face to face with our still present (unconsciously?) white colonial taste for exotic voyeurism.
A statement that westerner white Art has lots to learn from besides its pride of apparent superiority.
Thank you Nelisiwe for reminding us of what Art is there for!
Fotos: Suzy Bernstein

BEAUTÉ ÉTRANGE


Le 2 et 3 février 2007 le Festival «C’est de la Danse Contemporaine» a eu l’honneur d’accueillir au Théâtre Garonne les dernières représentations de «Régi» de Boris Charmatz.
Cette pièce, pour 3 interprètes et 2 machines commence par installer une ambiance d’angoisse curieuse, comme une promenade en forêt la nuit, ou un film d’horreur.
Dans une presque pénombre une machine fait son travail, jusqu’à amener vers soi des corps inertes, avec lesquels se délivre à une danse insolite d’ascension et descente.
Cette danse est continuée par Raimund Hoghe, dramaturge, écrivain, metteur en scène et chorégraphe bien connu de la scène actuelle, qui prête cette fois-ci son corps étrange à l’interprétation.
Finalement libérés, les 2 corps se séparent (ont-ils jamais été vraiment ensemble ?), et Julia Cima, que le public toulousain a pu voir dans la dernière édition du même Festival avec l’époustouflant «Visitations», est absorbée par l’autre machine, qui l’oblige à une danse de chute, dont elle est la «victime consentante», et qui nous offre une esthétique du corps indépendante de sa volonté. Encore un tour vertueusement conceptuel joué par Boris Charmatz, enfant terrible de la danse contemporaine française.
Entre-temps il se libère aussi de ses vêtements, et c’est dans une danse minimaliste d’intimité entre les corps si différents de Boris et Raimund que «Régi» prend son sens.
La sensualité humaine de ces corps masculins nus en avant scène, l’un d’une beauté classique, l’autre d’une esthétique étrangère (d’exclusion ?) à notre «société de perfections», contraste avec la violence machinale à laquelle est soumis ce corps féminin vêtu de noir en fonds de scène.
Si dans «Régi» Boris Charmatz revient «à un dispositif plus traditionnel», le résultat est loin de l’être, et cette pièce est une expérience bouleversante où (comme dit le programme) «Une fois de plus en marge des démarches convenues, Boris Charmatz traque la chorégraphie dans des zones inconnues où le corps, nostalgique d’une présence perdue, lâche un peu de son histoire la plus enfouie.».
Credit photographique : Alexander Wulz

EMBRYON EN CAGE


«Dromos», création biannuelle de Philippe Combes, chorégraphe de la compagnie toulousaine Cave Canem, a été présenté le 1er et le 2 février 2007 au Centre de Développement Chorégraphique, dans le cadre du Festival «C’est de la Danse Contemporaine».
«Dromos 1 & 2», comme son nom indique, est un diptyque : deux soli interprétés impeccablement par Delphine Lorenzo.
Dans le 1er volet, déjà présenté au public toulousain lors de la dernière édition du Festival CDC, l’interprète habite une structure métallique placée au fonds de scène, recouverte d’une «membrane verticale», écran où se fait la projection vidéo.
On y observe une espèce de naissance d’un être qui se contorsionne spasmodiquement.
Malgré une certaine longueur, ce solo se tient, surtout grâce à la vivacité de cette nouvelle interprète – nous trouvons que l’énergie amenée par Delphine Lorenzo fait revivre ce solo, vis-à-vis de la présentation de l’année dernière.
Les lumières de Patrick Riou sont aussi d’une grande pertinence, parfois d’une grande finesse, d’autres fois d’un caractère cru, qui correspond bien à l’esprit de la chorégraphie.
La vidéo de Cécile Babiole, par contre, est d’un répétitif ennuyeux, qui à part servir de base numérique, ne transmet pas grand-chose.
Cet ennui nous poursuit dans le second volet, où le corps se dégage de son cocon, pour découvrir que cette liberté est encore plus contraignante. Une jolie allégorie, mais qui nous laisse impassibles et/ou impatients par son traitement du mouvement, certes pas inintéressant, mais trop long.
«Philippe Combes s’attache une fois de plus à la substance première du corps porteur de tous les possibles et de toutes les couleurs», nous dit le programme. L’abstraction dans laquelle Philippe Combes choisit de travailler – malgré le corps (bien) humain dénudé et l’énergie animale – nous laisse insensibles à «tous les possibles» et «toutes les couleurs» de son ambitieux propos de la «substance première»…
«Dromos» n’est pas ici une allée menant au temple (conforme à la définition grecque), mais un chemin tortueux et incolore où on se perd, perdant au même temps l’intérêt par le propos chorégraphique.

http://www.cie-cavecanem.com/
http://www.cdctoulouse.com/

MENSONGES, TRUCAGES ET «DÉJÀ VUS»


«Le spectacle dont vous êtes le héros» de la compagnie Androphyne, présence de nos voisins d’Aquitaine au Festival «C’est de la Danse Contemporaine», pourrait bien s’appeler aussi «Le spectacle dont vous êtes la victime».
Dans cette pièce nous trouvons tous les ingrédients pour faire une création très contemporaine : de la musique live de bonne qualité, de l’interaction avec le public,
des interprètes pluridisciplinaires, de la prise d’images en direct, des télévisions, des micros, des belles lumières, du matériel scénographique en grande abondance, du vin (de Bordeaux ?) et même un verre de cidre offert en toute convivialité à la fin du spectacle… mais la recette ne prends pas toujours, et malgré certains moments plus ou moins réussis, «Le spectacle…» dure 1h40 et on s’ennuie pas mal !
Dans une atmosphère assez informelle (qui frôle parfois l’amateur), les jeunes chorégraphes Magali Pobel et Pierre-Johan Suc créent une espèce de patchwork sans queue ni tête, où rien n’est vraiment approfondi, ni développé, et que même une équipe intéressante d’artistes hétérogènes ne peut soutenir pendant l’extrême longueur du spectacle.
Eddy Crampe – musicien – avec Jean-Michel Noël – technicien de talent, même au moment où il faut bouger son corps – et Éric Bernard – comédien multi facettes – ont le mérite de créer des moments musicaux de grande intensité.
Carole Bonneau, malgré son curriculum impressionnant, nous laisse, d’une vague ressemblance avec Victoria Abril, la conviction de que ce n’est qu’une vague ressemblance, puisque Carole n’a décidément pas hérité des talents de comédienne de Victoria. Dans un sur jeu hystérique constant (peut-être est cela fait exprès… alors peut-être qu’une collaboration avec un metteur en scène capable de faire de la direction d’acteurs serait envisageable…), nos regards terminent pour se détourner plutôt vers Anne-Cécile Massoni, l’autre interprète féminine de la pièce.
Anne-Cé (comme l’appellent sur scène ses camarades) est une danseuse sensible, d’une physicalité intéressante et d’une théâtralité juste, que nous trouvons sous-exploitée.
Ivan Fatjo, danseur de grande stature et gestuelle étrange, est celui à qui Magali Pobel dit, dans son unique intervention scénique que «ça va pas», qu’«il faudrait plus de danse» !
Pierre-Johan Suc, au contraire de sa partenaire chorégraphe est plus présent sur scène, mais à part une exception, ces présences laissent très peu de traces sur le spectateur (malgré quelques bonnes idées, aussi sous-exploitées).
Cette exception est Éric Bernard : du début à la fin il a une présence continuellement bizarre, mais pertinente, et son moment de texte au micro reste un des points forts du spectacle. Un texte qui passe du coq à l’âne avec une virtuosité pleine d’humour, et que dans son «non-sens» donne du sens au «non-sens» incongru de cette pièce.
Avec 1h40 pleine de trucages et de «déjà vus», «Le spectacle dont vous êtes le héros» laisse des avis partagés, et l’image d’une jeune compagnie prometteuse, à laquelle nous avons envie d’accorder le bénéfice du doute…
Affaire à suivre…

http://www.androphyne.com/
http://www.cdctoulouse.com/

Tuesday, August 28, 2007

QUARK 5 ÉTOILES


Si dans le panorama actuel du spectacle vivant nous avons l’impression que nous vivons une période de crise, qu’il n’y a rien de nouveau et que les recettes des compagnies de succès s’épuisent : allons découvrir le PROJET DE QUARK !
Collectif toulousain composé par Séverine Astel, Joke Demaître, Sébastien Lange, Renaud Serraz, Thomas Wallet, Romain Mercier et Alexandre Bugel, «comédiens, techniciens, metteurs en scène formés il y a quelques années à l’Atelier de Recherche et de Formation du Théâtre National de Toulouse».
Le 26 et 27 janvier 2007 ils on présenté «Étape #2», à l’issu d’une résidence de création au Théâtre Garonne.
Partant de textes contemporains, De Quark développe un spectacle de génie où il «préfère explorer les marges, les croisements et laisser les spectateurs construire leur propre histoire». Et ça ne rate pas : nous voilà embarqués dans un voyage duquel on ne sortira pas indemne !
Ayant comme partenaires Cisco Berchenko (musicien), Élodie Lefebvre (plasticienne), Sophie Laffont (costumière), Jack (ingénieur son) et Danielle Marchais (administration), De Quark construit un spectacle enveloppant, sensible, intrigant et hilare !
Étant obligés de traverser la scène pour gagner nos sièges, nous apercevons, sans plus, une installation suspendue en hauteur de 4 poupons de taille humaine. C’est après, quand le texte «Glaces» de Thomas Bernhard commence en voix off, qu’on se pose la question si ces poupons à la «May B» (pour le public de danse, une ressemblance entre ce poupons déformes, aux traits vieillis, et l’œuvre emblématique de Maguy Marin est indéniable – mais à part le génie de la démarche, les ressemblances s’arrêtent là), sont une simple installation plastique ou s’ils sont habités ?
Et cela nous intrigue tout le long du texte, qui devient presque un support secondaire qui soutien notre curiosité et concentration, jusqu’au moment où le «marchand de glaces» arrive et les tue un par un.
L’énigme s’éclaircit, mais la sensation de «c’est incroyable !» reste.
Avec des transitions mises en scène et à vue, notre intérêt ne décroît pas, bien le contraire, et le public reste en suspens dans une curiosité concentré qui nous domine tout le long du spectacle.
«Face au mur» de Martin Crimp, met en scène un monologue dialogué, dans la difficulté de l’apprentissage d’un texte (que ceux qui font du théâtre, ou qui l’ont fait connaissent bien), dans ce qui est encore une excellente idée pour nous faire traverser un texte dramatique de façon allégée, créant avec le public une complicité, pour faire revivre la tuerie du collège de Colombine aux Etats-Unis.
Ce suit «Dors mon petit enfant» de Jon Fosse, texte qui pourrait sembler long et lourd, mais qui nous plonge dans un espace intergalactique, où les étoiles sont des indications de sortie, mais d’où on comprend ce n’est pas possible sortir : «On est là depuis toujours…» dit un des comédiens invisibles, «Toujours, ça n’existe pas.» lui réponds une autre… et nous partons à la dérive avec eux, flottant dans ce grand néant sans gravité.
Pour fermer avec clé d’or : «La Fête» de Spiro Scimone, met en scène 3 des comédiens du PROJET DE QUARK, comédiens exceptionnels, que avec des scénographies simples et intelligentes nous embarquent encore avec eux (on les suivrait les yeux fermés !) dans une histoire familiale loufoque, où la mère est à la fois maîtresse dominatrice et dominée, point central de ce triangle mère - père - fils.
L’humour et le jeu des comédiens sont tellement francs, que nous nous trouvons à faire la fête avec eux, inconditionnellement !
La salle était debout (du moins une bonne partie spontanée) pour saluer cette équipe prometteuse.
Une qualité qui mérite les meilleures salles du pays et de l’étranger !
Un talent de génie que nous espérons revoir bientôt sur les planches !
Bravo et bravo encore !

LE CRI INTÉRIEUR DU RÊVE


«C’est de la Danse Contemporaine» est à l’honneur avec la nouvelle création de la compagnie La Zampa : «Dream On – track 03». Une pièce solide, interprété à rigueur par une équipe de 7 artistes multidisciplinaires, signée Magali Milian et Romuald Luydlin.
La danse de ce duo de chorégraphes trouve son originalité en dehors des courants esthétiques et conceptuelles à la mode ; leur gestuelle est fort esthétique mais nourrie d’une force intérieure qui habite tous ses interprètes et qui a le don d’absorber l’attention et la concentration du public.
Le rideau s’ouvre sur des corps allongés dont on ne voit que les pieds, pour petit à petit arriver à discerner une figure debout : Hélène Rocheteau qui entame un solo vertueusement étrange, annonçant la couleur de la pièce. On ne comprend peut-être pas ce qu’il arrive, mais on se laisse prendre au jeu, et on la suit dans «un duel consenti avec le désir de vivre notre dégradation et l’urgence de la saisir» (paroles des auteurs).
Corine Milian pousse des cris, des sons sauvages, pendant que les autres danseurs sont contre le fond du décor, où le temps qui passe malgré nous, est projeté.
Sur une scénographie de Pascale Bongiovanni et des chorégraphes, la vidéo mouvante de Loran Chourrau est projetée. Une vidéo sans couleur qui a plus l’objectif d’illuminer et de poser un décor, dans l’espace et sur les interprètes, telle écriture d’une vie en constante transformation qui se dessine en nous et autour de nous.
Des jeux d’ombres sont utilisés, créant des rapports de coexistence, de pouvoir, de doublure…
Oriane Boyer se pose, et nous impose sa présence de façon sensible mais franche : on ne peut que la regarder.
De ses grands yeux elle nous nargue, regard fuyant, comme son corps surpuissant qui ne faiblit pas une seconde, même quand il se déconstruit brutalement, jusqu’au sens : des armes de feu dont nous sommes les visés, dont son propre corps devient la victime, pour un mouvement chorale d’autodestruction.
Le baiser d’Hélène et Benjamin Dukhan, inattendu et qui dure regrettablement si peu.
Le solo de Romuald Luydlin, qui dans une simplicité apparemment abstraite arrive à nous émouvoir et secouer ; la physicalité toujours incroyablement désarticulée (on se demande de quoi est fait son corps) de Magali Milian.
Comme le fait Oriane Boyer dans son solo, la pièce est menée à coups de bassin/coups de feu, et si le sens n’est pas toujours intelligible, cela ne dérange pas, tellement l’énergie qui nous est offerte sur scène est généreuse.
Benjamin Dukhan, avec son air timide, malgré sa stature physique (un géant à côté des autres interprètes, plutôt de stature moyenne), qui auparavant c’était fait écrasé par l’ombre d’Hélène, amène une pointe d’humour dans son solo époustouflant de physicalité et d’expression, jusqu’à gêner le chœur des autres interprètes qui forment un mur humain devant lui, essayant de nous empêcher de voir sa gestuelle «socialement incorrecte» - qu’on adore !
Sylvain Huc, bel interprète, nous paraît tout de même pas assez mis en valeur, dans un solo qui joue sur l’épuisement d’un mouvement infini et inépuisable ( ?!) qui envahit son corps et tout l’espace, et son double vidéo/ombre qui fait autant.
Pendant ce frénésie, les autres membres de l’équipe rentrent armés de seaux et bouteilles d’eau, pour un grand (presque) final, que malgré peut-être une petite longueur, reste une expérience visuelle à avoir.
«Dream On – track 03» le dernier track à voir de la compagnie La Zampa, compagnie ariégeoise confirmée !
En espérant qu’ils nous fassent rêver longtemps !
credit photographique Erik Damiano
http://www.ipernity.com/home/eedee

LE BACKROOM DE SAMUEL


Le 25 et 26 janvier 2007, au Théâtre National de Toulouse, et dans le cadre du Festival C’est de la Danse Contemporaine a eu lieu la tant attendue première de la création «Go On !» de la Compagnie Samuel Mathieu, qui ouvre de façon peu auspicieuse la participation des compagnies locales dans ce Festival.
«Go On !», après 2 ans de maturation dans les caves du Centre de Développement Chorégraphique et du Théâtre de la Digue, est un cru insipide, pour ne pas dire : qui a mal tourné.
Samuel Mathieu réunit dans cette pièce une excellente équipe de 5 interprètes, qui on travaillé dans ce que la feuille de salle explique être une exploration «du duo au chœur communautaire».
Des duos on voit clairement celui de Anna Rodríguez et Claude Bardouil, qui se pérennise, et peut-être quelques bribes par-ci, par-là, qu’on qualifierait plutôt de rencontres furtives… et du «chœur communautaire», peut-être quelques mouvements que les interprètes répètent à tour de rôle…
«Go On !» est comme un film noir sur l’incommunicabilité, où chacun reste soi même et sans que ça se passe grand-chose.
Comme «US-Band», la création 2005 de la compagnie, «Go On !» reste une pièce fondamentalement masculine, malgré ses 2 interprètes féminines : Anna Rodriguez et Emmanuelle Santos. Anna Rodriguez la première à prendre l’espace (au même temps/en réaction ? au mini duo «carressant» de Emmanuelle et Claude), développe un solo d’une perfection maîtrisé à l’absolu, telle machine, qui arrive tout de même à captiver Bardouil, avec qui le duo «pérenne» est entamé.
Claude Bardouil, interprète délirant, fait son «Le Roi Danse», dans une gestuelle que nous connaissons déjà, et que si saisissante au début, termine pour s’épuiser dans son énergie envahissante, et nos regards, lassés, vont se poser ailleurs.
Jérôme Brabant, fougueux danseur en «US-Band», est ici le Top Model nonchalant et épuisé de cette «Saturday Night Gay Fever», mais aussi celui mis à l’écart, le «masturbateur» de cette «série de duos». Peut-être est-il en duo avec la musique – la bande son pertinente de la responsabilité du même Samuel Mathieu.
Un mot aussi à la lumière et scénographie de Olivier Balagna, qui donne un peu de sens à ce spectacle.
Celui qui reste toujours explosif d’énergie, dans une physicalité époustouflante est Christophe Le Goff, qui par sa présence introduit de la couleur dans le monde noir de «Go On !».
Mais c’est la nouvelle arrivante dans la compagnie, Emmanuelle Santos qui amène du contraste, de la fraîcheur, de la féminité et de la surprise dans cette création, qui a du mal à se débarrasser du poids du «déjà vu… en mieux».
Avec sa présence nonchalante, sa gestuelle étrange, et de son regard pétillant elle donne l’impression de mener la danse, telle maîtresse de cérémonies !
Mais malgré cela, et sa complicité scénique avec Christophe Le Goff, ça ne suffit pas à sauver le spectacle, que quand le noir arrive, nous laisse la sensation d’avoir assister à un grand vide de 50 minutes !
Même les incursions dans le domaine du grotesque (que le chorégraphe aime tant) deviennent ici d’une obscénité provocatrice gratuite qui laisse le public indifférent.
«Go On !» ou «Go On ?»?

Monday, August 27, 2007

LE PÈRE NOËL EST GAY ET LES ENFANTS DE CHOEUR SURDOUÉS


Le mardi 23 et le mercredi 24 janvier 2007, nous avons pu échapper encore une soirée devant la télé grâce au Festival C’est de la Danse Contemporaine (CDC), qui présentait David Flahaut avec son «Presque Ève» au Studio du Centre de Développement Chorégraphique (CDC) de Toulouse, et Les Ballets C. de la B. (Contemporains de la Belgique, pour les néophytes) avec «VSPRS» de Alain Platel et Fabrizio Cassol, au Théâtre National de Toulouse (TNT).
«Presque Ève» habite ce territoire d’incertitude et d’insuffisance, où un corps d’homme investit les stéréotypes d’identité de notre société de consommation.
Du Père Noël aguicheur, qui pèle façon «Cage aux Folles» des patates, jetant les débris de façon provocatrice et affecté, à la «Presque Ève» qui éclot de derrière un mur de magazines «3 Suisses», croqueuse de pommes de terre, pécheresse malgré soi et qui s’adonne à une gestuelle effrénée, qui nous parle nonchalamment de désir.
Cette «Presque Ève» blonde platine de récupération, habillée en petite robe rouge uni face (qu’elle tourne au gré de ses déambulations), n’a pas de tabous (comme toute Ève, en opposition à tout Adam, simplet de nature, qui serait toujours au Paradis sans rien connaître au Monde), et dans son corps désirant et désireux, elle s’engouffre et nous engouffre dans la vision macho-chrétienne de nos propres valeurs d’héritage. Et on comprend peut-être pourquoi il est si difficile à la femme de se libérer de ce poids de pécheresse originale.
Puisque malgré son investissement dans ce corps de désir, corps de plaisir, rapport Soumise-Maîtresse, David Flahaut nous donne un portrait d’un presque épanouissement du corps, dans sa sensualité et sexualité, mais qui sous le poids d’un regard socioculturel avec des siècles de tradition, reste mal compris, triste et seul, tel l’enfant qui n’arrive pas à faire comprendre aux adultes «civilisés» le nouveau jeu qu’il vient d’inventer.
«Presque Ève» a tout de même la faiblesse du «presque», de rester dans l’insuffisance, de passer d’idée en idée un peu trop vite (peut-être est cela un objectif ?), et aussi d’une conceptualité parfois trop intérieure, qui éloigne cette «Presque Ève» de la sensibilité du public.
Et si «Presque Ève» commence par croquer des pommes de terre, «VSPRS» commence par caresser du pain, pour le croquer aussi en suite, dans une sorte de rituel («eucharistique» ? ou de rédemption ?).
Alain Platel réunit encore une fois une équipe d’exception qui donne un spectacle digne des «Vêpres» de Monteverdi (dont la musique de Fabrizio Cassol s’inspire) ou de Rachmaninov.
Une dizaine de danseurs-interprètes, une soprano et 9 musiciens donnent corps, voix et son à cette création des Ballets C. de la B.
Et sur la grande scène du TNT tout se mélange : la soprano Maribeth Diggle s’essaye drôlement au mouvement, pendant que Rosalba Torres Guerrero est époustouflante dans ses apports théâtraux, dans sa chanson «christique» et dans la sobriété de sa danse.
Au niveau mouvement nous nous sommes habitués à que Les Ballets C. de la B. nous montrent des danseurs d’une virtuosité inouïe, et «VSPRS» ne fait pas exception : ces jeunes gens évoluent dans un tremblement présent dès le début de la pièce jusqu’à l’extase explosif et mortel de la fin.
Ce tremblement du corps et des esprits, «leitmotiv» de «VSPRS» est exploité dans bien de ses possibilités : du «je ne sais pas ce qui m’arrive», au frénésie, à la béatitude, à la masturbation, à l’attaque cardiaque…
Dans un décor blanc et douillet, mais non sans danger (espèce de structure d’escalade de Peter De Blieck), «VSPRS» nous offre des successions d’images : de la danseuse avalée par son pantalon et qui s’y contorsionne à souhait, engagé en suite dans un duo circassien et que plus tard essaye de se faire remarquer en faisant des pointes, au danseur qui esquisse des pas classiques tout en se déshabillant, qui plus tard montre une maîtrise théâtrale-vocale dans des phrases désarticulées robotiquement, à une danse des mains ou à la danseuse hyperlaxe qui laisse son corps partir nonchalamment dans tous les sens en espérant qu’on l’a rattrape… il y en a pour tous les goûts !
Même malgré sa longueur (1 heure 40) et ses moments «15 minutes de gloire» où chaque danseur s’adonne trop à une virtuosité devenue gratuite et vide de sens, parce qu’excessive, «VSPRS» reste un grand moment de spectacle vivant «made in» Belgique.
Il nous reste la question : qu’serait-il arrivé si quelqu’un du public avait accepté l’invitation pour monter sur scène, tant de fois répétées par les interprètes ?

Saturday, August 25, 2007

UNE CHAUVE-SOURIS À L’AILE… CASSÉE


Comme chaque année, à l’occasion des fêtes de Noël et de fin d’année, le Théâtre du Capitole nous offre une opérette.
Cette année, Nicolas Joël, directeur que nous regrettons déjà (Nicolas Joël quittera en 2009 la ville rose pour la ville lumière, pour diriger l’Opéra de Paris), nous fait cadeau de l’œuvre lyrique majeure de Johann Strauss fils : «Die Fledermaus» («La Chauve-souris»).
Après le plaisir d’écouter l’ouverture, par la baguette de maître du grand maestro Günter Neuhold (directeur musical qui est un habitué de la maison), le rideau s’ouvre sur un décor d’époque qui annonce une mise en scène conventionnelle.
Et cela ne nous déçoit pas : malgré l’équipe de grande qualité réunie avec soin autour des artistes de la maison (orchestre, chœur et corps de ballet), «La Chauve-souris» arrive à peine à s’envoler.
Première déception : même si c’était prévisible de retrouver «Die Fledermaus», ce chef d’œuvre de l’opérette viennoise, en version française (chantée donc dans la langue de Molière, plutôt que dans la langue de Goethe), les connaisseurs seront un peu perplexes en découvrant que l’action ne se passe plus du tout à Vienne, mais à Paris et dans sa banlieue ! Et que la maîtresse de maison, Rosalinde, répond au nom de Caroline.
Si d’un côté il est compréhensible que la version française rende l’œuvre plus accessible au public français, de l’autre nous regrettons l’absence de sous-titrage (les registres très aigus rendant difficile la compréhension du texte).
Rosalinde, ou son alter ego français, Caroline, est interprété de façon pétillante par l’élégante Sophie Marin-Degor (ou Cécile De Boever), accompagné par son mari, Gabriel von Eisenstein, chanté et joué de façon exquise par Patrick Raftery, et de son aspirant à amant, Alfred, chanteur – ténor «à l’Opéra du Capitole de Toulouse» (confession dans le 3e acte, qui nourrit un sketch comique avec Frosch, le gardien de la prison), chanté brillamment par Sébastien Droy. Mais ce sont les rôles d’Adèle et du Prince Orlofsky, chantés et joués, respectivement par Jaël Azzaretti (ou Laure Crumière) et par le contre-ténor Max Emanuel Cencic, qui nous émerveillent par leurs voix riches, des aigus pleins d’expression et d’une beauté troublante. De cette équipe d’exception font aussi partie Michel Trempont, dans le rôle de Franck, Didier Henry en Docteur Falke, Ricardo Cassinelli en Docteur Blind et les rôles parlés d’Ida et Frosch. Celui-ci, incarnant un gardien de prison décalé et bouffon, nous bouleverse au début du 3e acte avec ses sketches époustouflants d’humour, d’une actualité et ténacité pointues, qui nous disent que peut-être Jean-Louis Grinda serait plus à son aise dans des mises en scène de théâtre non lyrique.
Parce que la mise en scène est le talon d’Achille, ou mieux, l’aile brisée de notre «Chauve-souris».
Une opérette avec une mise en scène point innovatrice, c’est une chose à laquelle nous sommes habitués.
C’est comme la médiocrité générale de la danse sur la scène lyrique, qui se répète encore ici, avec des petits intermezzos chorégraphiques, assumés avec patience par les danseurs du Ballet du Capitole. Moments dansés qui se veulent amusants, mais qui ne font que basculer un grand moment de théâtre lyrique dans un terrain proche de l’«entertainment» d’une télé-réalité.
Mais revenons à la mise en scène : Jean-Louis Grinda signe ici, malgré la qualité des artistes, une direction d’acteurs sans intérêt et de peu de soin.
Si dans le 2e acte – le bal chez le Prince Orlofsky – nous avons des échantillons de personnages d’époque, pleins d’exotisme, ce ne sont que des essais non aboutis, qui lancent des idées, qui auraient pu être intéressantes, si développées ! Et cela est une constante de la mise en scène : dans le 1er acte, les tables et fauteuil qui s’élèvent dans l’air sans explication, nous démontrent les possibilités infinies de la machinerie de décor du Théâtre du Capitole, mais nous donnent des effets, fort esthétiques, mais totalement injustifiés ! Tout comme la présence, dans le 3e acte (la prison), en plan élevé d’un rappel du décor du 1er acte (le salon des Eisenstein).
À ajouter à une direction d’acteurs insipide, et à des effets incongrus, nous avons le total manque de préoccupation du détail, qui brise, chez le public, toute capacité de se laisser prendre par ce moment de rêve, que nous réussissons tout de même à avoir, grâce à la qualité des artistes et de l’œuvre :
une porte fermée, par une main inconnue, mais bien visible, derrière une artiste qui rentre en scène, nous laisse penser que la maison des Eisenstein est peut-être hantée ; un tapis qui se plie et se replie sous les pas de l’artiste, nous parle de la difficulté de le fixer au sol (quand une importante équipe technique a tous les moyens de le faire) – surtout que la scène devient territoire piégé pour les artistes-interprètes ; un gâteau à la crème qui ne laisse aucune trace sur la robe de l’artiste, bien qu’elle soit dessus (une simple attention au placement du gâteau suffirait à le rendre crédible) ; une prison avec des confettis en avant-scène, témoins oubliés du bal de la scène antérieure…
Et comme ceux-ci, les détails sordides se répètent. Non que les détails sordides soient inacceptables, si au moins ils étaient conscients et voulus !
Jean-Louis Grinda signe une mise en scène médiocre et sans intérêt, pas à la hauteur du Théâtre du Capitole et de son public connaisseur.
Heureusement Johann Strauss nous a laissé une œuvre qui survie à tout cela, et avec son équipe d’artistes de haut niveau, «La Chauve-souris» arrive à nous faire rêver. Merci.

Théâtre du Capitole – Toulouse
23, 24, 27, 28, 29 et 31 décembre 2006 à 20h ; 25 et 30 décembre à 15h.
http://www.theatre-du-capitole.org/
credit photographique: Patrice Nin

«LE(S) JEUNE(S) HOMME(S) ET LA MORT»


XINUM : «formation à géométries variables autour d’un directeur artistique : Sergio Piterbarg» présentait le 8 et 9 décembre 2006, à la MJC Roguet (qui accueille en résidence permanente le projet artistique XINUM) sa dernière création, «Modal Insight» 2.
Sergio Piterbarg s’est entouré cette fois du pianiste italien Stefano Genovese, du baryton Pierre-Yves Binard et du danseur-chorégraphe Pierre Meurier.
Une salle à penne remplie avec 35 personnes environ, a découvert un trio (Sergio Piterbarg n’étant pas sur scène) d’une grande inventivité, pour un spectacle d’une démarche très contemporaine.
La salle s’ouvrait pour un «échauffement» musical : 3 cercles de lumière avec
1) le pianiste assis devant son piano à queue, déjà lancé dans une composition simple accompagnant
2) le baryton Pierre-Yves Binard, au milieu, dans des vocalises qui évoluaient entre ce qu’on pourrait décrire comme un échauffement vocal et des sonorités qui rappelaient parfois le Brésil,
3) un corps allongé par terre, que petit à petit se remet sur ses pieds, dans une attitude apparemment distante, mais surveillante.
Le public est tout de suite captivé par l’expressivité de Pierre-Yves Binard, qui s’engage dans une «parafernalia» sonore qu’il accompagne avec son corps et visage. Sa belle voix de baryton se montre également à l’aise dans des registres plus aiguës, et a une flexibilité qui lui permet de jouer dans des styles très différents. Son interprétation engagée nous touche par sa sincérité et sa fraîcheur généreuse.
Pierre Meurier surgit petit à petit de l’ombre, pour la reprendre à nouveau. Sa figure filiforme, paraît sortir directement des films d’animation de Tim Burton «L’Étrange Noël de Mr Jack» ou «Les Noces Funèbres», et il se balade avec des gestes de ses longues mains créant des liens entre les deux musiciens et l’espace noir qui les entoure.
Ces mêmes mains qui parfois esquissent des positions qui nous ramènent à des mudras indiens. Sa présence, qui souvent frôle le macabre, contraste avec cette fraîcheur du chanteur qui est dans une attitude frontal et ouverte face au public, pendant que le danseur, concentré sur l’espace scénique, tisse des liens, comme des toiles d’araignée, tel la figure de la mort. Figure sombre qui se promène, s’approche, hésite, s’éloigne, se rapproche et alors effleure ou touche franchement un de ses compagnons, parfois avec une réaction de leur part, parfois non… mais sa présence paraît manipuler l’évolution du spectacle tel la main de Dieu (ou de Sergio Piterbarg)…
Les sons deviennent autres, par le biais de logiciels, dispositifs informatiques et interfaces sensorielles qu’on devine, Sergio Piterbarg est présent, et son spectacle se déroule en composition éphémère et interactivité en temps réel.
Stefano Genovese utilise, avec maîtrise, son piano comme un xylophone, et le public reste dans la recherche et compréhension de ces nouveaux sons… accompagnés par la voix toujours féconde d’inventivité de Pierre-Yves.
Le «banquet» musical se poursuit autour du piano, ou les trois interprètes explorent ses multiples possibilités sonores, dans une image qui fait penser à trois âmes autour d’un sarcophage grand ouvert.
Pierre Meurier, assis au piano, s’aventure alors dans un échantillon de travail de voix, que nous aurions aimé voir plus développé (mais finalement les musiciens ne ce sont pas beaucoup aventurés dans le mouvement non plus).
Le détail, qui est donné au public de voir les mains de maître des musiciens manipuler les entrailles sonores du piano via le reflet dans l’intérieur de son couvercle ouvert, est magnifique.
Pierre Meurier sort de scène, et plus tard Pierre-Yves et Stefano le suivent, pour lui laisser la place. Il entame alors un solo danse-son (par des interfaces sensorielles).
Ses compagnons le rejoignent plus tard pour un trio parlé (le danseur reste silencieux au milieu, parlant avec ses mouvements amples qui relient encore les autres deux interprètes, dans une espèce de manipulation des énergies), et humoristique : Pierre-Yves nous parle de son repas exotique et épicé de la veille, de sa difficulté de faire le lit le matin, de ses troubles de communication… pendant que Stefano, dans son italien natal va d’une note à six notes et se«plain» des interférences de son collègue danseur qui s’agite le frôlant de prêt avec ses extrémités… jusqu’à que le noir les gagne.

Un spectacle riche en couleurs, malgré les costumes noirs et la pénombre omniprésente (qui pour cela donne une impression ténébreuse), qui amène la musique contemporaine au public, en toute accessibilité.
La multidisciplinarité est en suprématie… et espérons que la transdisciplinarité se développe davantage dans l’évolution du projet de XINUM.

Si vous n’avez pas eu la possibilité d’assister à «Modal Insight» 2, vous avez encore l’opportunité de vous rattraper :
«Modal Insight» 3, les 8, 9 et 10 mars 2007/20h30 à la MJC Roguet
«Modal Insight» 4, en mai 2007
Concert Xinum, en juin 2007

Contacts : prodij1@free.fr; xinum.evi@gmail.com
http://www.mjcroguet.com/; http://www.electropole.net/
credit photographique: Gilou Martinez